La fée de la Corbière
Il y avait une fois à l'Isle, en Saint-Cast, un bonhomme qui était bien malheureux : il n'avait pas de pain chez lui et ne pouvait sortir pour aller en gagner, car il avait si mal au pied qu'il ne pouvait marcher.
Un jour, que le bonhomme Mignette (...)se désolait encore plus que de coutume, il vit entrer chez lui une bonne femme habillée de toile qui lui demanda bien honnêtement pourquoi il se chagrinnait si fort. Mignette lui raconta ses malheurs, et quand il eut fini, la bonne femme qui était une fée lui lécha le pied et le guerit aussitôt. Elle lui donna aussi un pantalon de toile et lui dit :
- Voilà un pantalon, tu le mettras et il ne s'usera point ; avec lui tu feras tout ce que tu voudras.
Le bonhomme remercia de son mieux la fée qui disparut sous terre.
Extrait du Bulletin de la société archéologique du Finistère, P. Sebillot, 1886
La Légende de la Roche-aux-Fées
Les fées, au temps où elles vivaient pmis les humains, honoraient après leur mort ceux qui avaient fait quelque bien pendant leur vie, et bâtissaient des grottes indestructibles pour mettre leurs cendres à l'abri de la malveillance et de la destruction du temps, et dans lesquelles elles venaient la nuit causer avec les morts.
Et l'on dit que leur influence bienfaitrice répandait dans la contrée un charme indéfinissable, en même temps que l'abondance et la prospérité.
C'est dans ce but et dans ces féeriques intentions qu'elles bâtirent la Roche-aux-Fées qui se trouve dans un champs en bretagne.
Ces fées, dit-on, se partagèrent le travail : quelques-unes d'entre elles restèrent au lieu où devait s'élever le monument, en préparaient les plans et l'édifiaient ; les autres, en même temps, tout en se livrant à des travaux d'aiguille, allaient dans la forêt du Theil, chargeaient leurs tabliers de pierres et les apportaient à leurs compagnes ouvrières, qui les mettaient en oeuvre.
Mais elles ne comptèrent pas à l'avance ce qu'il leur en fallait.
Or, il advint que le monument était terminé et que les fées pourvoyeuses étaient en route, apportant de nouveaux matériaux ; mais, averties que leurs matériaux étaient inutiles, elles dénouèrent leurs tabliers, les déposèrent là où elles étaient quand l'avertissement leur parvint.
Or, il y en avait dans la lande Marie ; il y en avait près de Rétiers ; il y en avait à Riche-bourg et dans la forêt du Theil.
De là vient qu'on trouve dans tous ces endroits des pierres de même nature et provenant du même lieu que celles qui forment notre Roche-aux-Fées.
Depuis longtemps les fées ont malheureusement disparu ; mais le monument est resté.
Dans la nuit, quand la bise souffle au-dehors, on entend comme des plaintes dans la Roche-aux-Fées, et l'on dit que ce sont là les morts qui reposent là qui appellent les fées protectrices, et que ces plaintes se renouvelleront jusqu'à ce qu'elles soient revenues.
Extrait de "Histoires et Légendes de la Bretagne Mystérieuse", de G. Kogan aux éditions "Aux quais de Paris"