Oyé, Oyé ! Je viens vous rapporter une légende ancienne à propos de la fée maudite, Mélusine ! Avec quelques commentaires à ma sauce, qui j'espère, ne feront pas trop lourds pour vous.
Les Origines de Mélusine :Tout commença au Royaume d'Albanie, le comté ancestral de l'Albany écossais. Un roi du nom de Elinas chassait dans une forêt, lorsqu'il rencontra près d'une fontaine une magnifique jeune femme qu'il salua bien humblement (avec certainement des arrières-pensées). Et bien entendu, comme dans tous contes où les deux protagonistes amoureux viennent à peine de se rencontrer, sans même la connaître, il lui demanda sa main (Comme par hasard !).
Comme on pouvait s'y attendre, la jeune femme accepta comme toutes jouvencelles des temps médiévaux qui se respectaient, sauf qu'elle y imposa une condition assez étonnante, ne jamais la regarder durant ses accouchements et ses moments intimes (vous la sentez là, la titanesque ironie ? Ce serait vraiment surprenant qu'il le fasse !). Cette femme, appelée la fée Persine, épousa Elinas, et ils eurent ensemble trois filles aussi belles que leur mère : l'aînée, Mélusine (qu'on retrouvera bientôt dans d'autres péripéties), la deuxième Mélior, et la petite dernière, Palestine (un nom drôlement familier, d'ailleurs...). Mais Mataquas, le fils d'un premier lit d'Elinas, qui méprisait sa belle-mère pour son bonheur, fit en sorte que Elinas trahisse sa promesse, et le bouscula dans la salle où Persine baignait ses trois filles.
Celle-ci, furieuse, s'exila avec ses trois enfants sur la mystique île d'Avalon (Ho... Un autre nom familier !), où elles montaient chaque matin sur la colline d'Elénos, d'où elles pouvaient observer mélancoliquement leur contrée natale. Chaque jour, elle racontait à ses filles d'où elles venaient, et pourquoi elles s'étaient exilées : à cause de la fausseté de leur père ! Si bien que, comme toutes jeunes filles ordinaires, Mélusine poussa ses sœurs à enfermer leur père dans la montagne Northumberland où il sera condamné à rester pour l'éternité (Na !). Mais courroucée de cet acte, Persine décida de punir ses filles pour leur mesquinerie (Na !). Mélusine fut condamnée à rester serpent en dessous du nombril chaque samedi, mais si elle rencontrait un homme qui veuille l'épouser, elle pourrait mener une existence normale, enfanter une glorieuse lignée, et mourir naturellement comme le ferait toutes femmes de l'époque. Bon, en même temps, si jamais elle se séparait de son mari, cela empirerait, et elle sera punie en devenant éternellement un serpent, donc elle n'avait pas le choix, à moins qu'elle ne prenne jamais de mari (d'ailleurs, c'est ce qu'elle aurait dû faire !). Quant à ses sœurs, Mélior et Palestine, la première fut condamnée à garder un épervier fabuleux dans un château, et la deuxième à protéger un trésor appartenant à son père sur le mont Canigou, jusqu'à qu'un preux chevalier en armure la délivre (bon, elle, au moins, elle a une issue favorable). Admirez le sens de la famille à l'époque...
Oui, mais Mélusine ?Hé bien, ça aurait certainement eu une fin enchanteresse si jamais Monsieur n'avait pas fait son ''voyeur''. Après avoir erré avec sa malédiction dans forêts et bocages, jusqu'à arriver en Poitou, Mélusine n'était pas la seule à être maudite. Effectivement, un certain Raymond ou Raymondin de Lusignant, neveu de comte Aymar de Potiers, et fils du comte de Forez, s'avère dans la mélasse. Ayant accidentellement tué son oncle, il fuit aveuglé par la douleur et pourchassé pour meurtre. Le portrait du petit-ami parfait, quoi !. Il erre désespérément dans la forêt de Colombiers, jusqu'au jour où il croise, à minuit, trois femmes près d'une fontaine, dont bien entendu, Mélusine (Cela ne vous rappelle rien ?). Mélusine réconforte Raymondin, promettant de le soutenir, de lui porter son aide, de faire de lui un seigneur puissant, en échange de devenir sa femme (Rusée, la Mélusine !). Ha, oui. Elle n'oublie également pas de lui faire jurer de ne jamais chercher à rentrer en contact visuel avec elle durant le samedi (Vous sentez cette odeur ? C'est celle de l'ironie du sort !). Sympathique comme elle est, elle offre au noble jeune homme deux verges d'or, qui lui procureront moults grandes vertus. Ils se marient, et, fidèle à la prédiction de Persine, Mélusine fait de Raymondin un noble extrêmement influent et glorieux, lui donnant au passage dix fils (et pas une seule fille ! Non mais ! Je porte plainte !) :
- Urien, l'aîné, qui deviendra roi de Chypre, bien qu'il ait le visage court et large, un œil rouge et un autre vert et qu'il ait les plus grandes oreilles qu'un enfant puisse avoir (Heu... Cela fait partie de la malédiction aussi ?).
- Eudes, le deuxième, qui a une oreille plus grande que l'autre (Adorable !).
- Guyon, le troisième, qui a un œil plus haut que l'autre, deviendra roi d'Arménie (La difformité ne fait pas le moine !).
- Antoine est le quatrième sur la liste des descendants. C'est un jeune enfant portant sur la joue une griffe (ou une patte) de lion, deviendra duc de Luxembourg une fois adulte (Quoi ?! Une patte de lion ?! A ce stade c'est plus de la difformité !).
- Renaud, le cinquième, qui n'a qu'un seul œil, deviendra étrangement roi de Bohême (Avec une population médiévale superstitieuse à souhait ?! Une chance qu'il n'ai pas été brûlé vif par des fanatiques !).
- Geoffroy, le sixième, naît avec une défense de sanglier qui jaillie hors de sa bouche ; (Rabelais en fera l'ancêtre de Pantagruel). Je me demande si Persine n'a pas ajouté des compléments dans sa malédiction...
- Fromont, le septième, qui deviendra moine à Maillezais, a sur le nez une petite tache velue (C'est quand même mieux que les précédents !).
- Horrible, l'affreux huitième, incroyablement grand, a trois yeux et n'a pas encore 4 ans que sa férocité lui fait tuer deux de ses nourrices (Ha... Les enfants !). Sérieusement, pour le nom, les parents devaient soient être exaspérés par leurs progénitures singulières, soient ils étaient à cours d'idée, soit l'enfant devait pas être très beau à voir...
- Thierry et Raymonnet (dit aussi Raymondin), les petits derniers, eux, sont normaux (J'entends de loin les soupirs de soulagement des parents !).
En résumé, une mignonne petite famille.
Et que fera Mélusine durant son existence de Dame ? Hé bien, autant le dire, elle ne resta pas assise sans rien faire ! Effectivement, selon plusieurs légendes, on lui devrait beaucoup d'édifices dont elle aurait ordonné la construction : par exemple, on peut citer Pathenay, Tiffauges, les murailles de la Rochelle, et bien d'autres. Curieusement, si quelqu'un la surprenait durant la construction, dont on ne sait pas si elle le faisait elle-même ou avec des ouvriers, elle s'arrêtait immédiatement et partait. Surtout la nuit, qui était sa période principale d'activité. C'est pour cela qu'il manquait une fenêtre à Ménigoute, une pierre sur la flèche de Niort et l'église de Pathenay. Elle n'aimait pas du tout être surprise par les autres, cette fée (Ha ! La timidité !).
Mais bon, revenons à ce que l'on aime le plus, les malheurs de Mélusine. Tout avait pourtant bien commencé, avec un Raymondin fidèle à sa promesse de ne jamais la voir un samedi. Jusqu'au jour où son frère, le comte de Forez, jalousant la puissance et la richesse de son cadet, fait courir la rumeur que sa femme lui fait des infidélités (Persine approuve la référence !). Fou de rage, Raymondin se rend vers la porte interdite de la salle des bains où il se prépare à faire abattre sa colère. Mais d'abord, pour être sûr, il la surveille en train de se baigner, oubliant sa promesse, avec une dague qu'il perce pour agrandir la serrure de la porte en bois (Le coquinou !). Et que vit-il ? Les racines de la mocheté de ses fils ! Dans une cuve de 15 pieds, se tenait sa femme, se peignant les cheveux... et trempant dans l'eau sa queue de serpent ! Musique dramatique !
Les différentes versions de la fin :Là, vous allez certainement vous demander : mais que se passa-t-il ensuite ? Deux versions distinctes existent à propos de cette fourberie et de la manière dont elle se termine :
Dans l'une, Raymondin s'exclame : « Je viens mon amour de vous trahir à cause de la fourbe exhortation de mon frère », ainsi, voyant la trahison de son mari, Mélusine s'échappe par une fenêtre aussi légèrement qu'avec des ailes, et pousse un hurlement de désespoir. C'est la première version qui se termine par les regrets du seigneur et la disparition de Mélusine.
Dans la deuxième version, il ne dit rien et tente de garder le secret de sa trahison. A ce stade, on peut se dire que ce n'est pas trop mal, mais il y a un bémol qui va vite perturber tout cela, car la malédiction de Persine sur Mélusine dit bien que cette découverte involontaire la condamnera. D'ailleurs, c'est à cause d'une bêtise de Geoffrey, accusé littéralement d'avoir détruit l'abbaye où son frère Fromont, devenu moine, mourut probablement à l'intérieur, que Raymondin, se souvenant de la monstrueuse découverte, accusa Mélusine du mauvais comportement de son fils, et la traita en publique de ''Très fausse serpente. ". Découvrant ainsi, par ce biais, que Raymondin l'avait non seulement trahis, mais aussi, qu'il ne l'aimait plus, Mélusine finit de la même manière que dans la première version.
Selon Jean d'Arras, elle reviendrait la nuit caresser tendrement ses enfants sous les yeux des nourrices qui n'osent absolument rien dire (Ha ! Quelle mère modèle !). Mais aussi, elle serait venue se lamenter de la mort de Raymondin, devenu ermite à Montserrat, mais aussi, elle reviendrait à chaque fois que les membres de sa lignée perdraient des biens, ou verraient bientôt mourir l'un des leurs, concluant la prédiction de Persine la condamnant au remords et au tourment. Quelle fin joyeuse !
Et voilà, la légende se termine ici ! Si jamais vous avez des questions, je me ferais une joie d'y répondre !
Et surtout, n'oubliez pas : une relation d'amour saine repose sur le respect de l'intimité de votre amant / amante, surtout quand il prend son bain (on ne sait jamais, vous pourriez y voir des choses horribles, comme un canard en plastique !).